Le champion Benjamin HENNEQUIN, haltéro et force athlétiste

 

 

En parallèle à sa superbe carrière en haltérophilie, Benjamin HENNEQUIN s’est mis à la force athlétique et pour sa deuxième saison, déja il arrive à la barre des 300 kilos au squat…ça promet pour la suite !

 

PowerliftingMag : Quand et pourquoi as-tu commencé à t’entraîner dans les sports de force ?

 

B.H : J’ai commencé l’haltérophilie à 11 ans. J’ai fait des périodes de stages en rugby, mais j‘ai préféré l’haltéro car c’est à l’intérieur on avait moins froid déjà 😉 et du coup j’avais moins de compétitions, donc c’était moins contraignant pour mes parents. Comme mon père était fort en force athlétique, je me suis dit que moi aussi je pouvais le devenir.

 

PowerliftingMag : Il  y a encore deux saisons tu faisais uniquement de l’haltérophile, et désormais tu tires également en force athlétique, pourquoi ce changement ?

 

B.H : Je continue l’haltérophilie en parallèle. J’ai décidé de changer de catégorie en haltéro après les Jeux Olympiques de RIO en 2016 car j’avais pas mal de pépins physiques, et la seule solution était de prendre du poids. Les powerlifters sont assez costauds, alors qu’en haltéro on fait beaucoup de renforcement musculaire. Pour changer de catégorie, il me fallait de la motivation. Tout ce qui concerne la musculation ça ne m’intéressait pas, mais la force oui, donc je me suis dirigé la saison dernière en FA.

 

PowerliftingMag : Ton passage en force athlétique est juste ponctuel ou tu comptes perdurer dans ce sport ?

 

B.H : Depuis 2 ans j’ai très mal au coude, et la force athéltique m’a permis de tenir un an. C’est-à-dire que j’ai réussi à mettre de la viande autour en prenant du muscle aux bras et aux épaules, prendre du poids et soulager les articulations. Les championnats de France d’haltérophilie, qui étaient 2 mois après ceux de force athlétique j’ai fait des très bons résultats. Mais c’était reculer pour mieux sauter, car là je suis obligé d’aller voir un chirurgien par rapport à mon coude. Je vais certainement me faire opérer [ NDLR : Benjamin se fera opérer en décembre ]. J’ai de l’arthrose au niveau de l’articulation du coude, la machine est un peu usée. Du coup j’ai perdu en mobilité, en souplesse. Bien que j’ai pris des bras, j’arrivais à compenser quand mon coude part en extension complète en haltérophilie avec les chocs, cela me fait mal au coude. Tout ce qui est épaulé et développé ça va, par contre l’arraché et le jeté ça me fait mal .Quand le coude vient en butée, ça pique…Après 10 ans à faire de l’épaulé jeté à 200 kilos ce n’est pas étonnant, je suis le français le plus régulier à ce poids. J’ai dû faire cette barre 200 fois entre les compétitions les entraînements. Après tout ça c’est normal, il y a des séquelles. On peut faire tous les étirements qu’on veut, on peut tout faire, le corps au bout d’un moment sature. C’est normal. (cf interview avec Rudy COIA). Depuis que j’ai commencé la force athlétique, je n’ai pas eu une seule fois mal ni aux coudes, ni aux genoux, ni au dos en préparation de force. J’ai mal à cause des chocs en haltérophilie. C’est un sport très contraignant. Il y a des déplacements, il faut de la vitesse, il y a des chocs, il faut de la réaction. Tandis qu’en force athlétique , C’est du contrôle. Musculairement la force ça dépote, après des grosses séances je le sens la nuit. En haltérophilie c’est surtout le nerveux qui est attaqué, et les inflammations aux tendons. Après 10 ans à haut niveau en haltéro, c’est normal tout ça.

 

PowerliftingMag : Que préfères-tu ? La force athlétique ou l’haltérophilie ?

 

B.H : En haltérophilie, j’ai fait ce que j’ai pu, des bons résultats ainsi que des moins bons. Je n’ai plus rien à me trouver dans ce sport. En technique je n’ai pas le problème qu’ont beaucoup d’athlètes ont au squat par exemple, la descente, barre haute ou barre basse. J’ai juste à penser à contrôler, à être solide lors de la descente et à exploser lors de la remontée. Je n’ai pas à m’occuper du couloir, des genoux… je fais le mouvement du squat depuis que j’ai 11 ans. Pour le développé couché, déjà à 15 ans, je faisais 100 kilos au développé couché incliné en pesant 60 kilos, ça n’était pas à la claque. On faisait de la musculation quand on était gamins entre potes, on faisait les cons ça n’était pas très structuré 😉 Pour moi en force ça n’est pas très technique ; en comparaison à l’haltérophilie.

Je conseille à tous les jeunes qui veulent faire de la FA, de commencer par de haltérophilie pendant 2 ans dans un club haltérophilie pour profiter d’une bonne formation. On y fait du squat, du soulevé de terre avec le tirage. Je vois beaucoup de gens qui ne savent pas faire un squat. Pour les placements sur le squat, il faut vraiment faire un mouvement propre en mode squat haltéro; être fort dessus, avant de vouloir gratter sur le placement.  Les gens cherchent trop à gratter des kilos sur la descente, ils en oublient d’être forts, je trouve ça dommage. Il y a des gamins qui ont un potentiel énorme, mais ils n’ont pas la chance d’avoir un formateur. Il faut des bons entraîneurs.

Il ne faut pas regarder les autres, il faut se voir soit. Quand tu bats tes records en compétition, mais que tu finies dernier, il faut quand-même être content. Il ne faut pas regarder les autres. Certains en oublient de s’amuser.

 

PowerliftingMag : Que penses-tu faire dans une saison ou deux ?

 

B.H : j’ai le statut “élite” en haltérophilie, j’ai un détachement, on ne peut pas cumuler ce statut sur 2 sports. Cette semaine j’en saurais un peu plus. Suite à l’opération, je reprendrai les squats, puis l’haltérophilie, après je verrai. Si ça va mieux je continuerai sur les 2 tableaux, force et haltérophilie. J’ai 33 ans actuellement ; si vraiment je me mets à fond en FA, j’aimerais dépasser au bout d’un an les 800 kilos au total et faire des compétitions internationales de temps en temps. Après l’haltérophilie, j’ai vraiment envie d’être fort.

 

PowerliftingMag : Quelle est la programmation habituelle de tes entraînements ?

 

B.H : C’est l’entraîneur André PEETERS qui me suis, j’ai de la chance qu’il soit au club de l’ASPOM à Bordeaux (comme Benoît CAROLE). J’ai contacté Xavier DE PUYTORAC (de la fédération de Force athlétique) quand j’ai décidé de prendre une licence en FA et il m’a dit qu’André PETTERS était à l’ASPOM. Je le connaissais d’avant en tant qu’athlète, mais je ne sais pas qu’il était dans le coin. Du coup un jour je me suis pointé à la salle. Le seul moment où je me suis préparé uniquement pour la force, c’était deux semaines avant les championnats de France de force, où j’ai arrêté haltérophiile pendant 2 semaines seulement car je ne pouvais pas arrêter plus. Sinon le reste de la saison je cumule les deux sports.

En règle générale si je ne m’entraîne qu’en force, je fais les 3 mouvements, le lundi, le mercredi et le vendredi. L’intensité est forte une fois par semaine au soulevé de terre, deux fois au squat et trois fois au développé couché (avec de l’excentrique, du statodynamique..). Je n’ai jamais fait de vraie préparation. Je suis sur du basique pour optimiser mon potentiel du moment. Après c’est propre à chacun, je suis détaché à plein temps, donc je peux me permettre ce programme. J’ai plus de temps pour me reposer que les autres. Le matin, par exemple je fais du DC, puis de la musculation et du renforcement musculaire. Concernant le lundi, le mercredi et le vendredi, je fais deux séances de squat, mais pas lourd. Le matin je fais une montée en gamme jusqu’à 80 % pour être en forme l’après-midi, après je mange, je dors, puis je refile à la salle. Le mardi et jeudi je fais du gainage et du renforcement musculaire (épaules par exemple) qui permettent du durer dans le temps. Beaucoup de gens n’ont pas le temps de faire tous ces petits trucs là. Je ne me permets pas de dire à quelqu’un qu’il est nul, car moi je n’ai que ça à penser !

 

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PowerliftingMag : As-tu une diète spéciale et utilises-tu des suppléments ?

 

B.H : J’ai la chance d’avoir quelqu’un qui me suis à Bordeaux, qui me donne les compléments alimentaires. Je prends beaucoup de gainer pour prendre du poids. Après je prends la base, acides aminées, une ou deux cures de créatine par an, oméga 3 et un peu de protéine. Sinon je mange comme tout le monde. C’est pour cela que le culturiste qui me suit hallucine. Il me dit que s’il me suit avec ce que je mange, je monte à 100 kilos en 2 mois !  Si me mets à fond en FA, je pense que je ferais plus attention à la diète que là, car si je monte aux 100 kilos je vais être gros. Je me dis qu’est que je gagne si je gagne 0.5% ou 1% ? Je vais me casser la tête, qu’est que ça va m’apporter de plus ? Rien, donc je me fais plaisir. Beaucoup d’athlètes font ce calcul, et sont comme des moines après, et pleurent en compétition.

Par rapport à l’entrainement, tu es tout seul sous la barre, si un jour tu n’es pas dedans, il vaut mieux mettre moins lourd et travailler. Il ne faut pas avoir trop d’égo. Tu ne peux pas avoir du jus tous les jours. Pense aux objectifs. Pendant la préparation que j’ai eue avec André PEETERS, pour le championnat d’Europe de l’Ouest, je n’ai pas fait une seule fois une barre squat à 300, ni 170 au DC et ni à 280 au deadlift. J’ai fait un triplé à 280 au squat, un doublé à 160 au développé couché), et si j’ai le potentiel de faire la barre, je le ferais, je n’ai pas besoin de me rassurer. Je n’ai pas peur des chiffres, je les capacités pour, je vais le faire. Il y en a beaucoup qui font des grosses barres à l’entraînement, et qui crament du jus, et arrivent cramer à la compétition. Je n’ai pas besoin de faire des très grosses barres pour me rassurer, et nerveusement je récupère très mal en plus.

               

PowerliftingMag : En laissant un peu la facette sportive, tu as d’autres passions que les sports de force?  comment est BH ? Des projets en cours ?

 

B.H : Vu que je ne suis pas loin de l’océan, l’été je prends des palmes ou une planche et je vais dans les vagues. Sinon, je fais pas mal de poker les weekends avec les copains, ainsi que d’autres jeux de cartes comme le tarot.

Je participe à CaptainFight, école d’arts-martiaux en ligne. Nous sommes plusieurs, dont Emma qui est sur Direct 8 qui fait la gym, ainsi que pas mal de sportifs qui excellent dans leur discipline (MMA, karaté…). C’est mon meilleur ami qui m’a parlé de ce projet qui est récent, le projet se développe.

Les personnes intéressées s’inscrivent dessus. Nous avons fait environ 80 mouvements au poids de corps, des mouvements basiques. La personne qui s’inscrit doit faire un test pour voir sa condition physique, et le site permet de choisir sur quoi elle doit travailler (résistance, endurance…), et un algorithme calcule la programmation à effectuer. Le client reçoit sa programmation, suivant le nombre de fois par semaine et les parties du corps que tu souhaites travailler. Cela va du simple squat, au squat en stato, squat sur une jambe…C’est pour monsieur tout le monde.

 

PowerliftingMag : Quels sont tes objectifs au niveau sportif cette saison ? Et à long terme ?

 

B.H : J’en saurai plus dans quelques semaines. Je m’étais fixé les championnats d’Europe en haltérophilie au moins d’avril et les championnats du monde en force athlétique au mois de juin. Mais là ça va être compliqué par rapport à mon coude. Donc je ferai soit les championnats du monde en force athlétique, soit les championnats du monde d’haltérophilie l’année prochaine au mois de novembre et/ou les championnats d’Europe en force athlétique, si jamais je suis remis.

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PowerliftingMag : Que penses-tu de la différence de médiatisation entre la FA et l’haltéro ? Est-ce uniquement du fait que l’haltéro soit un sport olympique, et la FA non ?

 

B.H : Autour de moi, les gens connaissent la force athlétique grâce notamment au crossfit. Ils aiment le squat, l’arraché, le deadlift, et maintenant beaucoup font du squat, et surtout les filles.

 

PowerliftingMag : Qu’est-ce qu’il faudrait selon vous pour rendre ce sport plus attractif ?

 

B.H : Il faudrait faire un championnat de France B., comme au judo par exemple, cela permet que les athlètes fassent des compétitions toute l’année.

Le fait d’avoir mis les 10 meilleurs au championnat de France, que ça soit une élite est très bien. Après il faut que les clubs veuillent organiser les compétitions, sinon que ça soit la fédération de force qui organise. Cela ferait des compétitions plus rapides également pour les élites et pour les B, car les compétitions sont déjà longues actuellement, alors qu’avec ce système ça irait plus vite et les compétitions seraient plus fun.

Par exemple aux régionales en Aquitaine, ma première barre d’échauffement était à 17h00 et le dernier terre que j’ai levé était à 22h30. C’était interminable.

Il faudrait payer pour voir les compétitions. En général les gens qui vont voir ces compétitions n’y connaissent rien, ils veulent voir du spectacle. Dans les compétitions internationales, ce sont des fins connaisseurs qui vont voir les compétitions, l’ambiance est plus « ambiance cathédrale», on peut comprendre. Mais au niveau national, on peut envoyer du lourd, faire du spectacle ! En haltérophilie, sur des compétitions internationales il y a de l’ambiance, par contre au niveau national pour les compétitions des clubs, c’est mort ! La dernière fois en compétition j’étais à Lille, et dans les gradins, il y avait 5 personnes…même à l’entraînement il y a plus de monde. Je voulais tenter un 200 à l’épaulé jeté, mais ça ne motive pas. Par contre quand il y a une ambiance de fou, tu t’éclates et tu veux revenir, en tant qu’athlète et spectateur. Ça peut donner aussi aux gens de se lancer.

 

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PowerliftingMag : Quelles sont les clés de la réussite selon toi?

 

B.H : Toujours plus, de plus en plus. Se remettre en question. J’ai la chance d’aimer m’entrainer. Je peux passer une année sans faire de compétition, mais je m’entraîne 2 ou 3 fois par jour. La compétition est ce qu’il y a de plus facile, tu es déjà prêt. Les gens ne voient pas ce qui se passe en salle. J’adore le côté caché de l’iceberg, tous les entraînements nécessaires.

 

Merci Benji !!!

 

L’interview a eu lieu le lundi 20/11/2017, depuis Benjamin Hennequin a eu une date d’opération du coude pour décembre 2017, bonne récupération par la suite !

 

 

 

 

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